Comment réduire les effets de la pollution sonore sur les chauves-souris ?

par James Johnson et Carolina Signoret

Pour parler de l’effet de la pollution sonore sur les chauves-souris, il faut d’abord donner un peu de contexte sur ce qu’est la pollution sonore. La pollution sonore se produit lorsque les sons de l’environnement provoquent une gêne occasionnelle, voire fréquente, qui perturbe l’organisme, humain ou animal. Chez les humains, cela peut avoir des répercussions graves : irritabilité, insomnie, dépression, risques cardio-vasculaires, et chez les animaux aussi.

Les chauves-souris sont une espèce très intéressante parce qu’elles utilisent l’écholocation : une méthode sophistiquée d’utilisation du son qui leur permet de naviguer et de trouver de la nourriture dans l’obscurité. L’écholocation consiste à émettre des impulsions sonores à haute fréquence par la bouche ou le nez puis à écouter l’écho de l’onde. Avec cet écho, la chauve-souris peut déterminer la taille, la forme et la texture des objets dans son environnement. 

Comme elles utilisent l’écholocation, les chauves-souris dépendent fortement de leur sens de l’ouïe. Quand la pollution sonore interfère avec leur capacité d’écoute, cela peut affecter leur survie. De plus, leur sens de l’ouïe est supérieur au nôtre et, par conséquent, l’impact du bruit sur ces animaux d’autant plus important. 

Les chauves-souris utilisent aussi l’écholocation pour trouver leur proie la nuit, et quand la pollution sonore interfère avec cela, elles sont incapables de trouver leur proie.

Quelques études ont été faites pour montrer que les chauves-souris dans des zones bruyantes sont beaucoup moins actives. Par exemple, une étude a été réalisée pour montrer les effets négatifs du bruit anthropique sur la faune pour une certaine raison. Dans cette zone, les niveaux d’activité de la chauve-souris brésilienne à queue libre, ou leur nom scientifique Tadarida Brasiliensis, étaient de 40 % inférieurs sur les sites de compresseurs bruyants par rapport aux plates-formes de puits plus silencieuses.

Même si la pollution sonore affecte les chauves-souris parce qu’elles dépendent beaucoup du bruit, elles sont aussi capables de changer de stratégie dans des conditions bruyantes. Une étude a été réalisée par Wouter Halfwerk, un écologiste comportemental à l’Université d’Amsterdam, pour montrer comment les chauves-souris chassent lorsqu’elles sont affectées par la pollution sonore. Dans cette étude, les scientifiques ont utilisé des grenouilles robotiques avec des poches de gorge gonflables pour révéler leurs techniques.

 Typiquement, les chauves-souris localisent leurs proies en suivant les cris d’accouplement des grenouilles. Mais lorsque la pollution sonore étouffe la voix des grenouilles, les chauves-souris augmentent leur cris d’écholocation. Cela démontre à quel point les chauves-souris dépendent de l’écholocation pour entendre lorsque les sons d’une zone affectent leur chasse. Cela ne signifie pas pour autant que la pollution sonore est totalement inoffensive. 

L’écholocation est fatigante pour les chauves-souris, et l’utiliser lorsqu’elles chassent dans des endroits bruyants peut avoir un coût énergétique. Cette étude a soulevé l’idée que les espèces, et pas seulement les chauves-souris, peuvent compenser la pollution sensorielle de différentes manières. Cela pourrait bouleverser les structures communautaires, favorisant les espèces plus flexibles par rapport à celles qui dépendent fortement d’un seul sens.

Domhnall Finch a travaillé avec le Vincent Wildlife Trust pour étudier comment le trafic affecte l’activité des chauves-souris. Dans les zones sans trop de bruit, Finch a joué des sons de voitures le long des limites des arbres et a observé comment les comportements des chauves-souris changeaient. Il a découvert que les chauves-souris réduisent leur activité de près des deux tiers. Cette réduction a été constatée jusqu’à vingt mètres de la source du son ! 

Afin d’être plus précis dans ses découvertes, Finch a utilisé une large gamme de fréquences d’ondes pour déterminer celles auxquelles les chauves-souris réagissent le plus. En utilisant cette méthode, il a découvert que le spectre sonore n’empêche pas les chauves-souris de chasser en masquant les sons de l’écholocation, mais qu’il décourage plutôt l’écholocation en la faisant coûter trop d’énergie.

Comment réduire la pollution sonore ?

Réduire la pollution sonore à sa source est très important, alors, il faut construire des voitures plus silencieuses, de la même manière que de nombreux constructeurs cherchent à fabriquer des moteurs plus silencieux. Une autre méthode pour réduire les effets de la pollution sonore consiste à construire des barrières acoustiques sur les bords des routes et autour des aéroports. Cela aidera à éviter que le son ne soit trop fort et ne nuise à la chasse aux chauves-souris et au comportement des autres animaux.

 

 

Sources bibliographiques

  • https://cpepesc.org/10-les-chauves-souris-franc-comtoises/4-actu-chauves-souris/bruits-et-chauves-souris-comment-les-chiropteres-evoluent-elles-dans-un-environnement-sonore-anthropique-de-plus-en-plus-bruyant/
  • https://www.maxisciences.com/pollution-sonore/pollution-sonore-le-trafic-routier-perturbe-la-chasse-des-chauves-souris_art10513.html
  • https://www.skedaddlewildlife.com/blog/how-noise-pollution-impacts-bats/
  • https://dnr.maryland.gov/wildlife/Pages/plants_wildlife/bats/batelocu.aspx
  • https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S235198941400064X
  • https://wildlife.org/how-bats-hunt-in-noise-pollution/
  • https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2013.00248/full
  • https://www.youtube.com/watch?v=laeE4icRYp4
  • https://www-futura–sciences-com.translate.goog/planete/definitions/developpement-durable-pollution-sonore-6705/