Les capacités d’écholocation des chauve-souris sont perturbées par la pollution sonore. Des études ont démontré que le bruit de la circulation routière affecte l’efficacité de la recherche de nourriture des chauves-souris M. Myotis, qui chassent principalement des insectes se déplaçant sur le sol. Ces effets nuisibles ont été observés sur d’autres espèces de chauves-souris et plusieurs études ont montré l’impact négatif des routes plus larges et d’un trafic important (30 à 40 000 véhicules par jour).
Après les effets de la pollution sonore sur l’écholocation, nous allons maintenant aborder la manière dont la pollution sonore affecte la recherche de nourriture chez les chauves-souris. Plus précisément, nous examinerons plus en profondeur l’exemple de M. Myotis.
La pollution sonore, produite notamment par les routes qui traversent l’habitat des chauves-souris, a pour effet de perturber la communication entre les chauves-souris et leurs habitudes de recherche de nourriture. De nombreuses zones importantes pour la recherche de nourriture sont traversées par des routes asphaltées, qui produisent généralement plus de bruit. Des chercheurs polonais ont mené une étude qui a démontré que les chauves-souris se trouvaient plus souvent près des routes asphaltées que des routes forestières moins gênantes, car elles se trouvaient dans leurs zones d’alimentation. Il a été démontré que la pollution sonore des routes réduit l’efficacité de la recherche de nourriture d’une espèce de chauve-souris appelée “greater mouse-eared bat”. Cette espèce chasse les insectes qui se déplacent sur le sol en utilisant l’écoute passive. D’autres études ont montré que le trafic intense décourage les chauves-souris de chercher leur nourriture près des routes.
Les chauves-souris M. myotis sont très répandues en Europe méridionale et centrale, où leurs habitats sont traversés par de nombreuses routes. Une étude publiée dans le Journal of Experimental Biology montre que les chauves-souris en quête de nourriture évitent activement les bruits anthropogéniques, ce qui limite les proies qui leur sont accessibles. Les chercheurs ont créé deux compartiments et enregistré l’activité des chauves-souris à la recherche de nourriture lorsqu’elles étaient exposées à une stimulation sonore anthropique ou au “silence”. Lorsque le stimulus sonore était présent dans un compartiment, les chauves-souris l’évitaient catégoriquement. Cette étude suggère que les zones de recherche de nourriture situées à proximité d’autoroutes ou d’autres sources de bruit intense à large bande sont moins adaptées à la recherche de nourriture.
Il existe de plus en plus de preuves que les bruits de la circulation, en particulier, affectent la communication de plus d’espèces que l’homme, et de nombreuses études ont montré que la pollution sonore est très préjudiciable aux chauves-souris. Dans les zones très bruyantes, les chauves-souris sont incapables de rechercher activement de la nourriture et peuvent même complètement éviter les zones bruyantes, comme les grandes routes. Une nouvelle étude de Schaub et al. montre comment le bruit de la circulation masque des bruits essentiels pour les chauves-souris qui trouvent leur nourriture en écoutant les sons que produisent leurs proies. Cette étude s’est concentrée sur la grande chauve-souris à oreilles de souris, Myotis myotis, une espèce qui consomme des scarabées, des taupins, des araignées et des mille-pattes au sol. Dans le cas de Myotis myotis, la base sensorielle de la détection des proies est bien comprise. Alors que les chauves-souris utilisent l’écholocation pour chasser des proies aériennes, elle est inefficace lorsqu’il s’agit de rechercher des proies au sol et parmi la végétation, car les échos de la proie se superposent aux échos de la végétation. Au lieu de cela, Myotis myotis et d’autres espèces qui chassent les insectes au sol, réduisent le volume de leurs cris d’écholocation et écoutent les bruits et les sons de leurs proies. Ces chauves-souris localisent leurs proies en écoutant leurs sons au sol, mais les bruits de la circulation sont capables de masquer ces sons. Dans ce cas, les bruits de la circulation ont gravement compromis la détection des proies de la chauve-souris, qui ne pouvait plus chercher sa nourriture comme avant.